Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS (CRH-EHESS, Paris)
Depuis quarante ans qu’il est apparu dans le paysage politique français, le mouvement lepéniste (Front national, renommé Rassemblement national en 2018) n’a toujours pas réglé le problème de son positionnement. Est-il résolument de droite ou « ni de droite ni de gauche » ? Partisan de « l’union des droites » ou « populiste » ? En quête de respectabilité ou otage de l’humeur populaire ? Du boulangisme (1887-1889) jusqu’au phénomène Zemmour (2021), c’est le dilemme du nationalisme français. En revanche, il est une question qui, depuis une quinzaine d’années, ne souffre plus la discussion au sein du FN/RN : toute trace d’antisémitisme doit être absolument éradiquée. Telle est, pense-t-on autour de Marine Le Pen, la condition sine qua non pour accéder au pouvoir.
La formule fameuse de Louis Aliot rapportée par l’historienne Valérie Igounet dans son histoire du Front national (Seuil, 2014), très souvent citée, dit tout : « La dédiabolisation ne porte que sur l’antisémitisme. En distribuant des tracts dans la rue, le seul plafond de verre que je voyais, ce n’était pas l’immigration, ni l’islam. […] C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela… À partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique, vous libérez le reste. »
Pour clair qu’il apparaisse, le propos est en fait ambigu…
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