LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • Se connecter
  • S'enregistrer
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Jaleh K. devant le mausolée du poète persan Hafez (né vers 1325) à Chiraz, en Iran, en décembre 2022. (DR)

    Au nom de « Femme, Vie, Liberté »

    JR Korpa/Unsplash

    « Le juif » n’existe pas

    Statue du chevalier de La barre, square Nadar, à Paris (Guilhem Vellut/Wikimedia Commons)

    Laïcité : serrer les rangs et passer à l’offensive

    De jeunes iraniennes défient le régime théocratique en ôtant leur voile islamique. Ici, en novembre, au pied de la tour de la Liberté, à Téhéran. (DR)

    Liberté pour le peuple iranien

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
>> Je m'abonne au DDV !
LEDDV.FR - Revue universaliste
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Jaleh K. devant le mausolée du poète persan Hafez (né vers 1325) à Chiraz, en Iran, en décembre 2022. (DR)

    Au nom de « Femme, Vie, Liberté »

    JR Korpa/Unsplash

    « Le juif » n’existe pas

    Statue du chevalier de La barre, square Nadar, à Paris (Guilhem Vellut/Wikimedia Commons)

    Laïcité : serrer les rangs et passer à l’offensive

    De jeunes iraniennes défient le régime théocratique en ôtant leur voile islamique. Ici, en novembre, au pied de la tour de la Liberté, à Téhéran. (DR)

    Liberté pour le peuple iranien

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
>> Je m'abonne au DDV !
LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
Accueil Opinion

Lettre à François Héran

Professeur au Collège de France, sociologue, démographe et anthropologue, François Héran a publié le mois dernier une « Lettre aux enseignants sur la liberté d’expression ». Professeur de Sciences économiques et sociales, Clément Arambourou l’a lue et répond à son auteur.

Le DDV Par Le DDV
12 avril 2021
dans Opinion
Temps de lecture : 5 min
A A
0
"Docet omnia" ("Il enseigne tout"), devise du Collège de France (DR)

"Docet omnia" ("Il enseigne tout"), devise du Collège de France (DR)

Partager sur FacebookPartager sur Twitter

Par Clément Arambourou, professeur de Sciences économiques et sociales

Monsieur le Professeur au collège de France,

Je ne suis pas professeur d’Histoire-Géographie, je ne suis donc pas un des destinataires prioritaires de votre Lettre[1]. Néanmoins, en tant que professeur de Sciences économiques et sociales, je suis comme d’autres de mes collègues au lycée – je pense notamment aux professeurs de Philosophie – susceptible de prendre en charge l’Enseignement moral et civique.

Je me suis donc senti concerné par vos adresses aux enseignants abordant les questions de liberté d’expression. J’avais donc déjà pris connaissance de vos premiers textes. En ce premier week-end des vacances de printemps, vous donnez deux entretiens à deux journaux – à savoir le journal du soir Le Monde et le journal catholique La Croix. J’ai donc supputé que votre insistance tenait à l’importance du message que vous entendiez délivrer, ce qui explique mon attention pour ces deux publications.

Dans votre ouvrage, vous rappelez que vous écrivez pour affirmer que « la critique des religions, si nécessaire soit-elle, n’exige pas l’outrage gratuit ; la liberté d’expression, l’un des biens les plus précieux pour préserver la démocratie, ne peut être érigée en absolu. » Qui peut être en désaccord avec ces propositions ? Une liberté n’est ni générale, ni absolue, cela est certain, et personne de sérieux n’a, à ma connaissance, demandé d’assimiler la critique des religions avec l’outrage aux croyants. Ce ne sont pas ces idées que j’entends discuter. Ce ne peut d’ailleurs être elles qui motivent vos écrits car vous n’auriez pas tant insisté pour énoncer de tels truismes.

J’ai l’impression à vous lire que votre discours vise avant tout à dénoncer les abus de la liberté d’expression et que cette volonté vous pousse à énoncer différentes thèses assez bancales tant vous vous laissez emporter par votre subjectivité.

Ainsi, dans les pages du Monde, vous déclarez que « La liberté d’expression tend aujourd’hui à étouffer ou absorber la liberté de croyance ». De par ma formation en sciences sociales, je considère qu’une affirmation aussi hardie se doit d’être appuyée sur des preuves particulièrement solides. J’ai donc consulté votre ouvrage pour savoir quels étaient les faits qui vous permettaient d’affirmer cela. Il ne pouvait s’agir que d’éléments juridiques ou de pratiques sociales par lesquelles ce que vous appelez la liberté de croyance se trouvait largement remise en question en France. Je n’ai rien lu de tout cela. J’ai donc dû me rendre à l’évidence : cette affirmation particulièrement forte selon laquelle, en France, la liberté d’expression remettrait profondément en cause la liberté de croyance n’est appuyée sur aucune donnée.

Dans les pages du Monde ainsi que dans celles de La Croix, vous revenez tout comme dans votre ouvrage sur la distinction que vous qualifiez de « spécieuse » entre la critique des croyances et la critique des personnes croyantes. Je reste dubitatif. En effet, cette distinction est bien faite par les juges français et c’est en ce sens que la présentation de la caricature par Samuel Paty n’aurait pu en aucun cas faire l’objet d’une condamnation en justice. Vous laissez néanmoins entendre que Samuel Paty aurait comme la dessinatrice Coco abusé de la liberté d’expression. En effet, vous défendez « le droit de juger que certaines [caricatures] ne sont pas seulement blessantes pour les croyants (ce que la jurisprudence autorise) mais se livrent à un outrage gratuit (ce qu’elle exclut) » (La Croix). Mais vous n’êtes pas juge ni même juriste (d’autres que moi vous l’ont rappelé). Ce que vous jugez contraire au droit sur la liberté d’expression est parfaitement conforme à notre droit positif. Ici encore, vous entendez faire passer pour un jugement académique ce qui n’est qu’un jugement personnel sur les usages non pas légaux mais légitimes (du moins à vos yeux) de la liberté d’expression.

C’est toujours dans le journal La Croix que vous affirmez « qu’en encourageant […] la diffusion de caricatures antireligieuses […] au sein de l’école, l’État rompt avec le principe de neutralité qui est au cœur de la laïcité ». Lorsque les programmes scolaires invitent à étudier les textes mythologiques polythéistes ou monothéistes ou bien les œuvres artistiques et architecturales d’inspiration religieuse, il n’y a aucunement rupture avec l’impératif de neutralité de l’État. Il en va ici de même. En effet, il ne s’agit en rien de l’imposition de convictions athées voire antireligieuses au nom de la liberté d’expression, simplement de la présentation de dessins qui appartiennent à notre actualité douloureuse sur laquelle il convient de réfléchir, dessins que les enseignants jugeront bon ou non d’exploiter dans le cadre de la liberté pédagogique qui est la leur. Ici, vous prenez encore une fois pour la réalité vos fantasmes concernant les usages abusifs de la liberté d’expression.

À vous lire, on a surtout l’impression que vous voulez nous dire que le cours de Samuel Paty était condamnable du fait de la conception de la liberté d’expression sur laquelle il reposait. En ce sens, il semble que vous appeliez à libérer à votre suite une vague de critiques contre ceux qui peuvent selon vous mal user de la liberté d’expression Il me semble pourtant que ces critiques existent à foison dans l’espace politique français. Elles sont un point de convergence pour ceux qui à gauche sont prêts à toutes les compromissions pour défendre un certain islam comme religion des opprimés et ceux qui à droite veulent imposer une identité française traditionnelle et catholique.

Permettez-moi donc de vous dire que j’ai l’impression que c’est vous qui commettez un abus lorsque vous profitez de la position qui est la vôtre pour diffuser à un corps enseignant qui ne vous a rien demandé vos interprétations fort discutables qui ne sont que des jugements de valeur mal déguisés concernant une liberté d’expression qui heurte votre sensibilité personnelle. 

Je terminerai cette lettre en vous rappelant que faire des sciences sociales, c’est énoncer des propositions cohérentes appuyées sur des faits dûment constatés. Ce n’est pas noircir du papier avec des indignations floues dont la recevabilité repose sur une familiarité avec le sens commun demi-savant et pseudo-critique. À le suivre, les victimes des actes terroristes islamistes n’auraient fait que provoquer leurs funestes destinées en rajoutant l’offense à l’existence de populations opprimées, populations qu’il conviendrait de protéger contre les mauvais usages de la liberté de communiquer certaines pensées. 

Dans l’attente de lire à nouveaux vos travaux, notamment lorsqu’ils s’appuient sur une méthodologie rigoureuse, qu’ils concernent vos domaines de compétence et qu’ils sont évalués par vos pairs également compétents en la matière, je vous prie de recevoir, Monsieur le Professeur au collège de France, l’expression de mes salutations les plus respectueuses.

Clément Arambourou


[1] François Héran, Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression, Paris, La Découverte, 2021.


Étiquettes : CaricaturesDroit au blasphèmeFrançois HéranIslamophobieLiberté d'expression
Partager sur Facebook67Partager sur Twitter

À lire : Articles

Jaleh K. devant le mausolée du poète persan Hafez (né vers 1325) à Chiraz, en Iran, en décembre 2022. (DR)
Tribune

Au nom de « Femme, Vie, Liberté »

3 février 2023
JR Korpa/Unsplash
Tribune

« Le juif » n’existe pas

14 décembre 2022
Statue du chevalier de La barre, square Nadar, à Paris (Guilhem Vellut/Wikimedia Commons)
Tribune

Laïcité : serrer les rangs et passer à l’offensive

9 décembre 2022
De jeunes iraniennes défient le régime théocratique en ôtant leur voile islamique. Ici, en novembre, au pied de la tour de la Liberté, à Téhéran. (DR)
Tribune

Liberté pour le peuple iranien

29 novembre 2022
Zhang Zhang. (JC Vinaj)
Opinion

Stéréotypes et boucs émissaires

19 novembre 2022
Jean-Jacques Cambier : « Il faut du courage pour se confronter à un monde à l’envers qui vous signifie en permanence qu'il ne veut pas de vous ». Photo de 1982.
Opinion

Intrication (antisémitisme et homophobie)

12 novembre 2022
Voir plus
Article suivant
(crédit photo : Pexels / Pixabay)

Monsieur Juppé, peut-être encore un effort !

Frédéric Lauze, Le Testament d'Alexandrie (Éditions Fauves, 2021)

« Le Testament d’Alexandrie », de Frédéric Lauze

Les plus lus

  • Nous sommes nos montagnes, sculpture monumentale à Stepanakert, capitale de la République d’Artsakh. (Ani Adigyozalyan/Unsplash)

    L’Arménie en danger de mort

    35 partages
    Partager sur Facebook 35 Partager sur Twitter 0
  • [Podcast] Emmanuel Debono, rédacteur en chef du DDV, au micro d’Alexis Lacroix, sur Radio J

    1 partages
    Partager sur Facebook 1 Partager sur Twitter 0
  • Iran : genèse d’une contre-révolution

    10 partages
    Partager sur Facebook 10 Partager sur Twitter 0
  • Tribune de Simon Epstein : Zemmour d’un point de vue juif

    1892 partages
    Partager sur Facebook 1892 Partager sur Twitter 0
  • Quand les LGBT étaient laïques…

    21 partages
    Partager sur Facebook 21 Partager sur Twitter 0
  • Brice Couturier : « Le wokisme tourne le dos aux valeurs universelles »

    28 partages
    Partager sur Facebook 28 Partager sur Twitter 0
  • Au nom de « Femme, Vie, Liberté »

    0 partages
    Partager sur Facebook 0 Partager sur Twitter 0
  • Michel Foucault, patient zéro de l’islamo-gauchisme

    402 partages
    Partager sur Facebook 402 Partager sur Twitter 0

À lire

Jaleh K. devant le mausolée du poète persan Hafez (né vers 1325) à Chiraz, en Iran, en décembre 2022. (DR)

Au nom de « Femme, Vie, Liberté »

3 février 2023
Emmanuel Debono, historien, rédacteur en chef du Droit de Vivre (Stéphane Vaquero)

[Podcast] Emmanuel Debono, rédacteur en chef du DDV, au micro d’Alexis Lacroix, sur Radio J

1 février 2023
Des jeunes dansent autour du feu et brûlent des foulards à Sari, en Iran. Le feu est, par excellence, le symbole de la purification dans la philosophie persane.

Iran : genèse d’une contre-révolution

31 janvier 2023
LEDDV.FR – Revue universaliste

Le Droit de Vivre - Revue universaliste

« Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » - Térence

» En savoir plus

Articles récents

  • Au nom de « Femme, Vie, Liberté »
  • [Podcast] Emmanuel Debono, rédacteur en chef du DDV, au micro d’Alexis Lacroix, sur Radio J
  • Iran : genèse d’une contre-révolution

Catégories

  • Actualité
  • Analyse
  • Chronique
  • Culture
  • Éditorial
  • Éducation
  • Entretien
  • Histoire
  • Lecture
  • Non classé
  • Opinion
  • Tribune
  • À propos
  • CGU
  • CGV
  • Cookies
  • Confidentialité
  • Mentions légales
  • Contact

© 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • » Je m’abonne au DDV !
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Éditorial
    • Tribune
  • Histoire
  • À propos
  • Se connecter
  • Créer
  • Panier

© 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

Bienvenue !

Se connecter

Mot de passe oublié ? Créer

Créer un compte

Renseignez le formulaire pour créer un compte

Tous les champs sont requis Se connecter

Récupérer mon mot de passe

Renseignez les champs pour récupérer votre mot de passe

Se connecter

Add New Playlist

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?