LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • Se connecter
  • S'enregistrer
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Une illustration du chapitre 21 du roman « Les Trois Royaumes » : En chauffant du vin, Cao Cao discute des héros. Cao Cao (à l'extrême droite) proclame à Liu Bei : « Dans tout l'Empire, il n'y a d'autre véritable héros que vous et moi. ». Liu Bei lâche ses baguettes de surprise, croyant que Cao Cao a deviné ses ambitions politiques et son implication dans le complot de Dong Cheng (Wikipedia)

    Le mandat du ciel est écrit par le cœur des hommes

    Manifestation du 14 juillet 1935, Paris, place de la Bastille (Gallica)

    Antifascisme dévoyé : l’instrumentalisation de la mémoire à des fins partisanes

    Manifestation à Paris, le 22 mars 2025 (© Bastien André / Hans Lucas via AFP)

    La notion d’ « islamophobie », arme du ressentiment

    Sortie du nouveau DDV : « Rassemblement national. Vitrine, postures, impostures »

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
>> Je m'abonne au DDV !
LEDDV.FR - Revue universaliste
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Une illustration du chapitre 21 du roman « Les Trois Royaumes » : En chauffant du vin, Cao Cao discute des héros. Cao Cao (à l'extrême droite) proclame à Liu Bei : « Dans tout l'Empire, il n'y a d'autre véritable héros que vous et moi. ». Liu Bei lâche ses baguettes de surprise, croyant que Cao Cao a deviné ses ambitions politiques et son implication dans le complot de Dong Cheng (Wikipedia)

    Le mandat du ciel est écrit par le cœur des hommes

    Manifestation du 14 juillet 1935, Paris, place de la Bastille (Gallica)

    Antifascisme dévoyé : l’instrumentalisation de la mémoire à des fins partisanes

    Manifestation à Paris, le 22 mars 2025 (© Bastien André / Hans Lucas via AFP)

    La notion d’ « islamophobie », arme du ressentiment

    Sortie du nouveau DDV : « Rassemblement national. Vitrine, postures, impostures »

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
>> Je m'abonne au DDV !
LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
Accueil Analyse

« L’instituteur à l’école, le curé à l’église »

Le dialogue interreligieux est souvent désigné comme une voie à privilégier pour combattre les préjugés, notamment auprès des jeunes. Pour autant, les représentants ou sympathisants des cultes, qui se voient ainsi offrir une tribune, ont-ils leur place à l’école laïque ?

Le DDV Par Le DDV
29 août 2024
dans Analyse
Temps de lecture : 6 min
A A
0
Crédit : CARTOLISTE/FICEDL

Crédit : CARTOLISTE/FICEDL

Partager sur FacebookPartager sur Twitter

Benoît Drouot, professeur agrégé d’histoire-géographie

Dans un article publié en 2023, trois professeures d’histoire d’un lycée public francilien rapportaient avoir fait intervenir devant leurs élèves Pauline Bebe, rabbin, et Kahina Bahloul, imam, pour « échanger sur la place des femmes dans les grandes religions monothéistes ». Elles se félicitaient que ces « conférences-débats »1Jenna Alberti, Marguerite Graff et Caroline Latournerie, « Pourquoi il faut parler de religion à l’école… », Diversité, n°201, 2023, p. 64., qu’elles organisent depuis 2016 et qui donnent aussi la parole à des chercheurs, aient permis que la religion ne soit plus un sujet tabou dans leur lycée. Eu égard à ce qu’implique le principe de laïcité dans les établissements scolaires publics de telles initiatives questionnent.

La laïcité scolaire brouillée

Dans un rapport sur l’enseignement des faits religieux de 2002, Régis Debray s’opposait à la présence à l’école d’« intervenants extérieurs (…) représentants patentés des différentes confessions » : « Jules Ferry (…) n’y reconnaîtrait plus les siens »2Régis Debray, L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque, Paris, Odile Jacob, 2015, p. 47., affirmait le philosophe. Vingt ans plus tard, le 2 mai dernier, Aline Girard, secrétaire générale d’Unité laïque, s’inquiétait de ce que de plus en plus de professeurs font venir des représentants ou sympathisants des cultes devant les élèves. « Le socle laïque de l’école se lézarde »3Aline Girard, « Des religieux à l’école publique, est-ce bien sérieux ? Le Point, 2 mai 2024., concluait-elle.

En 1888, Ferdinand Buisson rappelait que l’enseignement est laïque « en ce qu’il ne se confond plus avec l’enseignement religieux » et que « les représentants d’aucune communion (…) [n’ont] plus accès » à l’école publique. « L’instituteur à l’école, le curé à l’église »4Ferdinand Buisson, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, Paris, Hachette, 1888, p. 1472., martelait le « père de l’école laïque »5Patrick Cabanel, Ferdinand Buisson. Père de l’école laïque, Genève, Labor et fides, 2016.. La loi du 28 mars 1882, qui venait de déloger le prosélytisme religieux des écoles publiques, privait l’Église d’un puissant levier d’emprise, dont elle avait disposé sans partage du Moyen Âge à la Révolution française, sur « l’âme de la jeunesse »6Mona Ozouf, L’École, l’Église et la République (1871-1914), Paris, Points, 1982, p. 17.. Elle livra donc une bataille opiniâtre pour sauver ce qu’elle put d’une époque révolue où aucun domaine n’échappait à son contrôle. Le député Paul Bert voyait clair lorsqu’il déclarait le 4 décembre 1880 à la Chambre : « l’Église ne veut pas abandonner l’école, (…) il y a danger pour elle-même »7Journal officiel de la République française, 5 décembre 1880, p. 11948..

Comme l’écrit l’historienne Mona Ozouf, l’enjeu pour les fondateurs de l’école laïque était « affaire de bonnes frontières entre l’Église et l’École »8Mona Ozouf, op. cit., p. 56. : à l’école publique, le professeur initie les élèves au raisonnement et à l’argumentation à partir de savoirs tirés de la science ; dans les lieux de culte, le célébrant soutient un credo qui ne repose que sur la croyance des fidèles qui le partagent. En introduisant une parole confessionnelle, franche ou discrète, dans l’école publique, le balisage des « bonnes frontières » s’en trouve brouillé. Exposer des élèves à une parole religieuse revient à les y sensibiliser (quelle que soit l’intention initiale), potentiellement à les y faire adhérer.

La laïcité scolaire contournée

Dans un document de 2014, le Conseil d’État soulignait que si des individus qui exercent des fonctions religieuses à titre privé peuvent enseigner dans les collèges et lycées publics, ils doivent se plier à l’obligation de neutralité religieuse que la laïcité exige des agents de l’État dans l’exercice de leur activité professionnelle9Article 25 de la loi du 13 juillet 1983.. Exposer les élèves à des représentants ou des partisans de la cause religieuse revient à contourner cette obligation légale en faisant porter à des intervenants extérieurs ou par des activités complémentaires aux cours ce que la laïcité défend au professeur de dire, de manifester ou d’afficher. Le Conseil d’État prévient pourtant : « le service public de l’enseignement fait l’objet d’une attention toute particulière compte tenu des risques de prosélytisme »10« Le juge administratif et l’expression des convictions religieuses », 2014, p. 10..

Quand bien même les professeurs veilleraient à ce que l’activité soit dénuée de tout prosélytisme, une parole confessionnelle – même teintée d’une dose d’autocritique – produit de la valorisation de la croyance, de son objet et de son projet. Il est difficile de ne pas voir dans l’intervention de deux femmes, rabbin et imam, un dispositif de promotion d’un islam et d’un judaïsme aux antipodes des courants radicaux et conservateurs dont une partie de la jeunesse est potentiellement captive. Il n’est pourtant pas de la mission de l’école laïque de mettre en scène le dialogue interreligieux ou d’offrir à des clercs une tribune pour exposer leur interprétation théologique, ni du rôle des professeurs de corriger l’image de religions que des faits d’actualité ternissent ou que les prises de position de leurs représentants associent au conservatisme sociétal. La liberté d’expression garantit suffisamment d’espaces aux religions pour atteindre l’opinion publique.

Quant à l’argument de lever le tabou de la religion dans les établissements scolaires – si tant est qu’il soit une réalité –, c’est à l’enseignement des faits religieux, inscrit, lui, au cahier des charges de l’école11 « (…) l’École forme les élèves à l’approche laïque des faits religieux », arrêté du 16 juillet 2021., de l’assumer. Saisissant la religion comme objet d’étude passé au crible du savoir et de la critique scientifiques, cet enseignement ne peut consister à « parler au sein de la classe de telle ou telle communauté ou [à] s’adresser à chacune d’elle », ni tenir lieu de « politique de reconnaissance des identités » ou de moyen « d’acheter la paix sociale par des chapitres d’autocongratulation », avertit la chercheuse Isabelle Saint-Martin12Isabelle Saint-Martin, Peut-on parler des religions à l’école ? Paris, A. Michel, 2019, p. 102.. L’école laïque n’a pas vocation à s’adresser à la foi des élèves.

La confusion des registres de la pensée

En outre, mettre côte à côte dans des « conférences-débats » des représentants des cultes et des chercheurs interroge. Car le contredit de la conviction qui postule dieu est l’athéisme, pas la science (même si cette dernière appartient aux ressources de l’incroyance). Le chercheur est dans une position de surplomb par rapport aux opinions : il est chargé de dire le vrai, au sens de ce qui est attesté par les protocoles que requiert la science ; son propos n’est pas idéologiquement situé, à la différence de celui du croyant. Par conséquent, tout dispositif qui offre une chaire à la parole religieuse sans accorder la réciproque à l’opinion athée, en plus de s’exonérer du principe de séparation que commande la laïcité à l’école publique, concède un privilège exorbitant à une conviction particulière.

Un tel privilège consacre dans le champ scolaire la « nouvelle laïcité »13Sébastien Urbanski, L’enseignement du fait religieux, Paris, PUF, 2016, p. 16. que s’efforcent d’installer pas à pas depuis les années 1960 ceux qui n’ont, au fond, jamais vraiment accepté la séparation et la neutralité qui commandent à l’autorité publique qu’elle s’abstienne « de toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances »14« Aux racines de la laïcité, cette passion très française à l’histoire tourmentée », Le Monde, 4 décembre 2020..

Étiquettes : écoleLaïcitéReligions
Partager sur Facebook20Partager sur Twitter

À lire : Articles

Collages rue Pasteur, aux abords de l'université de Lyon 2, avril 2025 (DR)
Analyse

Université de Lyon 2 : quand la liberté d’expression prime les libertés académiques

10 mai 2025
Le président Javier Milei, le 30 avril 2025 à Buenos Aires (Photo de Tomas Cuesta/Getty Images)
Analyse

Javier Milei, un champion de la « liberté » entre austérité et répression

6 mai 2025
Marine Le Pen, Jordan Bardella et des élus RN lors de la marche contre l'antisémitisme du 12 novembre 2023 (IP3 PRESS / MAXPPP)
Analyse

Le Rassemblement national et les juifs

24 mars 2025
Manifestation du 8 mars 2025, Paris (photo Martine Fitoussi)
Analyse

Au nom des femmes

19 mars 2025
Itamar Ben-Gvir et Betsalel Smotrich (Wikimedia commons)
Analyse

Israël : aux origines du sionisme religieux

27 février 2025
(Geralt/Pixabay)
Analyse

« Je suis Charlie », une boussole en forme de slogan dans la tempête des passions

20 février 2025
Voir plus
Article suivant
Caricatures antisionistes soviétiques

Le Drang nach westen de l’antisémitisme soviétique et son cheval de Troie l’« antisionisme »

Capsule Sm’oogyit Niishluut. En langue ts’msyen, Sm’oogyit signifie « chef » et Niishluut « grandpère
des outils de sculpture ». Sm’oogyit Niishluut,
appelé aussi Sidney Campbell, est le sculpteur des mâts-totems de la grue et de l’oiseau-tonnerre qui se
trouvent à Genève depuis 1956 (crédit : Musée d'ethnographie de Genève, Flavie Enrico)

« Décoloniser le musée » : plus de bien que de peur ?

Les plus lus

  • Les Khazars adoptent le judaïsme, vers 740. Lithographie, XXe siècle (collection privée). La plupart des historiens soulignent que la population khazare était religieusement diverse, incluant chrétiens et musulmans.

    La théorie des Khazars : un pont entre antisionisme, antisémitisme et idéologies extrémistes

    51 partages
    Partager sur Facebook 51 Partager sur Twitter 0
  • Université de Lyon 2 : quand la liberté d’expression prime les libertés académiques

    14 partages
    Partager sur Facebook 14 Partager sur Twitter 0
  • Antifascisme dévoyé : l’instrumentalisation de la mémoire à des fins partisanes

    1 partages
    Partager sur Facebook 1 Partager sur Twitter 0
  • La notion d’ « islamophobie », arme du ressentiment

    2 partages
    Partager sur Facebook 2 Partager sur Twitter 0
  • Daesung Lee, photographe du déracinement

    1 partages
    Partager sur Facebook 1 Partager sur Twitter 0
  • Gérard Bensussan. « Des sadiques au cœur pur. Sur l’antisionisme contemporain. »

    8 partages
    Partager sur Facebook 8 Partager sur Twitter 0
  • David Gourion : « Le racisme est au cœur même de la nature humaine »

    0 partages
    Partager sur Facebook 0 Partager sur Twitter 0
  • Michel Foucault, patient zéro de l’islamo-gauchisme

    405 partages
    Partager sur Facebook 405 Partager sur Twitter 0

À lire

Collages rue Pasteur, aux abords de l'université de Lyon 2, avril 2025 (DR)

Université de Lyon 2 : quand la liberté d’expression prime les libertés académiques

10 mai 2025
Une illustration du chapitre 21 du roman « Les Trois Royaumes » : En chauffant du vin, Cao Cao discute des héros. Cao Cao (à l'extrême droite) proclame à Liu Bei : « Dans tout l'Empire, il n'y a d'autre véritable héros que vous et moi. ». Liu Bei lâche ses baguettes de surprise, croyant que Cao Cao a deviné ses ambitions politiques et son implication dans le complot de Dong Cheng (Wikipedia)

Le mandat du ciel est écrit par le cœur des hommes

9 mai 2025
Manifestation du 14 juillet 1935, Paris, place de la Bastille (Gallica)

Antifascisme dévoyé : l’instrumentalisation de la mémoire à des fins partisanes

8 mai 2025
LEDDV.FR – Revue universaliste

Le Droit de Vivre - Revue universaliste

« Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » - Térence

» En savoir plus

Articles récents

  • Université de Lyon 2 : quand la liberté d’expression prime les libertés académiques
  • Le mandat du ciel est écrit par le cœur des hommes
  • Antifascisme dévoyé : l’instrumentalisation de la mémoire à des fins partisanes

Catégories

  • Actualité
  • Analyse
  • Chronique
  • Cinéma
  • Culture
  • Document
  • Éditorial
  • Éducation
  • Enquête
  • Entretien
  • Fable réaliste
  • Histoire
  • Lecture
  • Non classé
  • Opinion
  • Tribune
  • À propos
  • CGU
  • CGV
  • Cookies
  • Confidentialité
  • Mentions légales
  • Contact

© 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • » Je m’abonne au DDV !
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Éditorial
    • Tribune
  • Histoire
  • À propos
  • Se connecter
  • Créer
  • Panier

© 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

Bienvenue !

Se connecter

Mot de passe oublié ? Créer

Créer un compte

Renseignez le formulaire pour créer un compte

Tous les champs sont requis Se connecter

Récupérer mon mot de passe

Renseignez les champs pour récupérer votre mot de passe

Se connecter

Add New Playlist

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?