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Accueil Opinion Tribune

« Le juif » n’existe pas

Le DDV Par Le DDV
14 décembre 2022
dans Tribune
Temps de lecture : 7 min
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JR Korpa/Unsplash

JR Korpa/Unsplash

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François Rachline, universitaire, écrivain
Article paru dans Le DDV n° 688, automne 2022

À la lecture du titre de cet article, il faut s’entendre. Pas plus que « le chrétien », « le musulman », « le bouddhiste » ou toute autre abstraction, « le juif » ne se présentera jamais devant vous. Il pourra exprimer l’une quelconque des déterminations qui lui sont collées à la peau sans pour autant résumer à lui seul ni ce qu’est la judéité ni ce qu’est le judaïsme.

La première « identité collective attribuée » aux juifs vient de l’antisémitisme qui leur attribue des traits physiques (nez crochu, grandes oreilles, lèvres épaisses, yeux globuleux), moraux (traîtres, lâches, infiltrés, arrogants, dominateurs) et psychologiques (retors, conspirateurs, cosmopolites, cupides). Cette vision, qui ne s’embarrasse guère de ses propres contradictions, croit conférer ainsi une homogénéité à un ensemble de personnes qu’elle vise, c’est selon, à stigmatiser, à détester, à rejeter, à éliminer. Inspirée de stéréotypes immémoriaux, elle souligne combien une vision extérieure peut dégénérer au point de devenir grotesque. Sartre en a clairement montré les fondements1Voir Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juive, Paris, Gallimard, 1946..

À côté de ces préjugés, les sciences sociales distinguent un autre type d’approche : « l’identité collective affinitaire (ou communautaire) ». Cette fois, ce sont les individus eux-mêmes qui s’attribuent des caractéristiques communes et revendiquent leur appartenance à une collectivité au nom d’une histoire, d’une culture, d’une langue, d’une tradition commune, voire d’un patrimoine génétique partagé.

Disparités

Par l’appel à l’une ou à l’autre de ces deux approches, comment réunir dans le même ensemble un juif new-yorkais assimilé se réclamant d’un judaïsme libéral et un ultra-orthodoxe vivant dans le quartier de Mea Shéarim à Jérusalem, un avocat sépharade de Rabat et un acteur du théâtre yiddish de Cracovie, un pilote de l’aviation israélienne et un cinéaste allemand, un fripier de Transnistrie et Sigmund Freud, un universitaire français et un épicier de Smyrne, un compositeur ukrainien et un barman de Niagara City au Canada, un commerçant de Kobe au Japon et un trader britannique, Léon Trotski et Amshel Rothschild ?

Cette liste est ici limitée pour ne pas lasser. Elle pourrait s’allonger en rappelant que des pays comme Suriname, Chypre, Malte, la Hongrie, la Lituanie, l’Australie, l’Afrique du Sud, le Portugal, la Suède, la Tunisie, l’Algérie, les Bermudes, les Bahamas, Cuba, l’Iran, l’Uruguay, Curaçao, les îles Vierges, la Bolivie, la République dominicaine, le Brésil, le Pérou, le Venezuela, El Salvador, la Jamaïque, Porto Rico, Costa Rica, le Panama, le Guatemala, la Macédoine du Nord, la Slovénie, la Bosnie, le Monténégro, l’Arménie, le Kirghizistan, le Turkménistan, le Tadjikistan, la République démocratique du Congo, le Botswana, le Kenya, Madagascar, l’Indonésie, les Philippines, Taïwan, la Thaïlande, la Corée du Sud, la Namibie, le Nigéria, le Zimbabwe, le Yémen, l’île Maurice, l’Éthiopie, la Syrie ou l’Égypte abritent eux aussi des communautés juives, même réduites le plus souvent à moins de 500 âmes2Liste de pays fournie par le rapport annuel de la North America Jewish Data Bank..

Ces constats montrent que même si « dans les mesquineries du quotidien, une communauté humaine ne ressemble pas à son mythe3Emmanuel Levinas, Difficile liberté, Paris, Le livre de poche, 1963 et 1976, p. 291. », aucun de ses membres ne peut être appréhendé comme condensé de l’ensemble auquel il appartient.

Une chose est certaine : compte tenu de la diversité soulignée ci-dessus, parler « du juif » ou chercher ce qui le caractérise est pour le moins suspect. Il est toutefois fréquent de croiser ce type de réduction. Comme si, de l’extérieur, la judéité présentait des contours parfaitement dessinés alors que de l’intérieur elle affiche une hétérogénéité d’apparence irréductible.

Pour l’antisémite, le juif existe bien sans qu’il ait conscience que c’est seulement dans son cerveau. Il est ce qui permet à sa vision du monde de tenir debout. S’il était privé de cet être sans consistance, tout s’effondrerait autour de lui.

D’autant que la judéité ne se laisse pas définir aisément. Issue du monde hébraïque, elle s’est construite en assumant l’essentiel de la pensée de Moïse. Elle a payé le prix de la rupture avec la servitude physique (sortie d’Égypte) et la servitude morale (renoncement à l’idolâtrie) en acceptant l’incertitude liée au devenir et le questionnement ininterrompu sur l’étrangéité de soi. Consciente que l’on « n’a pas le mérite de sa naissance, on a celui de ses actions4Albert Camus, Seconde lettre à Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Paris, Gallimard La Pléiade, 1965, p. 364. », elle met à mal les principes mêmes de souche et d’origine, chers à ceux qui s’installent dans une identité statique.

L’idée qu’il serait possible de caractériser « le juif » provoque donc un malaise dans la mesure où elle relève immédiatement de la caricature antisémite. Comment prétendre établir le portrait-robot « du juif » ? La couleur de sa peau sera-t-elle celle de Sammy Davis Junior ? Celle d’Einstein ? Celle de Jésus ? Sa taille atteindra-t-elle la moyenne d’un homme aux Pays-Bas (1,84 m) ou du Timor oriental (1,59 m) ? Sa chevelure sera-t-elle de type asiatique ou africain5Chiffres tirés du site DonnéesMondiales.com. ? Ses yeux seront-ils bleus ou noirs ?

Il n’est pas nécessaire de poursuivre pour établir l’inanité de ce genre de démarche. « Le juif » n’existe pas.

Personnage conceptuel

Dans un ouvrage intitulé Qu’est-ce que la philosophie ?, publié en 1991, Gilles Deleuze et Félix Guattari consacrent un chapitre entier à l’idée de « personnage conceptuel ». Ils le définissent comme ce qui, au sein même d’une pensée, opère tout à la fois souterrainement et visiblement. Souterrainement car aucun théoricien ne propose de réduire sa démarche à l’existence d’une figure qui en rendrait compte ; visiblement parce que cette apparence facilite l’accès à sa logique. Ce ne sont pas des « personnifications mythiques pas plus que des personnes historiques, pas plus que des héros littéraires ou romanesques » écrivent les auteurs6Gilles Deleuze et Felix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ? Paris, Éditions de Minuit, 1991, p.63.. Il s’agit du devenir ou du sujet d’une philosophie : Socrate dans l’œuvre de Platon ou Moïse pour la Bible jouent ainsi ce rôle. Même si un personnage conceptuel se différencie d’un corps physique, il peut aussi s’incarner dans une physionomie : le coureur pour comprendre la durée chez Bergson, par exemple. Il est même possible de donner corps à une idée – au sens littéral de l’expression – en inventant ce qui la rendrait accessible. Ainsi existe-t-il une tradition rabbinique pour laquelle Job n’a jamais existé mais a permis à son inventeur de donner crédit à son récit. Ce personnage résume alors la foi totale d’un croyant, quels que soient ses malheurs.

Pour l’antisémite, « le juif » est la création abstraite qui lui permet de résoudre les problèmes auxquels sa vie le confronte. Non seulement ses propres difficultés, ses échecs, mais aussi ceux de sa famille, de ses amis, de sa région, de son pays, du monde entier. Lui, la personne bien vivante, épidermique et très rarement conceptuelle, il a besoin de cette abstraction pour tout expliquer. « Le juif » n’est pas seulement le bouc émissaire traditionnel mais aussi le démon invisible qui ourdit des complots en tout genre pour dominer le monde. C’est l’ennemi de l’intérieur par excellence. Raison pour laquelle l’antisémite, au contraire du raciste ordinaire, qui rejette l’autre parce qu’il est différent de lui, abhorre le juif en le dotant de tous les défauts imaginables : inventeur du monothéisme mais déicide, traître mais guerrier, pleutre mais dominateur, lâche mais arrogant, étranger mais infiltré, déraciné mais influent, soumis mais manipulateur, pouilleux mais riche, honteux mais fier, et ainsi de suite.

Autrement dit, pour l’antisémite, le juif existe bien sans qu’il ait conscience que c’est seulement dans son cerveau. Il est ce qui permet à sa vision du monde de tenir debout. S’il était privé de cet être sans consistance, tout s’effondrerait autour de lui.

LIRE AUSSI > Excuser les bourreaux et salir les victimes

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