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    Mairie de Paris (photo Nathan Cima/Unsplash)

    Drapeaux palestiniens sur les mairies : une entorse à l’État de droit

    Francisco de Goya, El sueño de la razon produce monstruos ("le sommeil de la raison engendre des monstres"), 1797/1799 (détail).

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    Paul Klee, Musiker, 1937 (T 17), Zentrum Paul Klee, Bern, Schenkung Livia Klee

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Hommage au dernier homme

Dans sa pièce Rhinocéros créée en 1959, Eugène Ionesco invente une maladie qui transforme les individus en rhinocéros. La « rhinocérite » provoque l’apathie et favorise la mise en place du totalitarisme. À l’automne 2023, l’écrivain Kamel Daoud avait usé de cette métaphore pour décrire les réactions de nos contemporains face à l’horreur du 7-Octobre. Deux ans plus tard, Jessica Choukroun-Schenowitz revient sur les dégâts causés par cette « maladie » qui n'a cessé de se propager.

Le DDV Par Le DDV
7 octobre 2025
dans Analyse
Temps de lecture : 8 min
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John Martin, The Last Man, 1849

John Martin, The Last Man, 1849

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Jessica Choukroun-Schenowitz, enseignant-chercheur en psychopathologie clinique, psychologue clinicienne

Quand la solitude du dernier homme nous enferme dans cette prison invisible qui retient les mots en travers de la gorge, il reste la poésie de ceux qui trouvent à dire au plus près. Au plus près de l’âme, au plus près des passions humaines, au plus près du réel.
Quelques semaines après le 7 octobre 2023, c’est ainsi par l’art du poète que les mots ont pu faire leur œuvre, réhumaniser un peu le monde et suggérer le chemin. Même vous ? Même toi ? demandait Kamel Daoud alors qu’il introduisait sa chronique par un constat : « Même chez nos plus sûrs amis, la haine du Juif fait retour, depuis le 7 octobre, dans le choix des seules victimes dignes de solidarité1Kamel Daoud, « Même toi ? » ou la judéophobie d’ambiance, Le Point, 27 novembre 2023.. »
Depuis cette date, la rhinocérite fort bien diagnostiquée par notre poète continue elle aussi de faire son œuvre, telle une épidémie incontrôlable qui se répand plus vite qu’un tsunami. À l’instar du Bérenger de Ionesco qui décide de résister et de rester le dernier des hommes, Kamel Daoud, assumant sa solitude, analyse le symptôme-synonyme contemporain de la rhinocérite : cet « antisémitisme d’ambiance » auquel il préfère le terme de « judéophobie »2Pierre-André Taguieff, La nouvelle judéophobie, Paris, Fayard, 2002..

Éternel retour du même, de « ce mal des siècles », la haine du juif prend le masque bien réel d’un ordre du monde qui s’est retourné contre Israël comme le diagnostiquait à son tour Gilles Kepel3Gilles Kepel, « L’ordre du monde s’est retourné contre Israël », Le Point, 26 septembre 2024.. Le 7-Octobre a été – et sera complètement – oublié derrière la violence de la riposte israélienne me disait un ami récemment.
Dès lors, il convient de choisir son camp ou de se taire. Et peut-être même, de choisir son camp puis de se taire. Car le dilemme se pose entre parler et se taire. Parler et faire face au désarroi que provoque ce regard perplexe de l’autre qui vous était familier, ce soupçon qui se perçoit entre deux inspirations et entre deux mimiques. Ou bien se taire et se croire ainsi préservé de cette violence mais garder les maux en travers de sa gorge.

Que dire…

Que dire en effet à ce collègue qui affirme avec force de pas vouloir choisir un camp, dévoilant par son propos qu’une guerre a bien été déclarée ? L’entend-il ? Sait-il que celui qui refuse de choisir un camp a cessé de s’identifier à son semblable, de se mettre à la place de celui qui est accusé, d’entendre que celui à qui l’on déclare la guerre ne peut par conséquent qu’être en guerre malgré lui et se battre ; sait-il que cet autre qui refuse de choisir donc, a finalement bien choisi de plier ?

Que dire aussi à cette vieille copine qui œuvre pour la mémoire des Justes mais qui s’insurge du sort inacceptable prétendument réservé au troisième acte de la flotille pour Gaza ? Menacée par Israël, elle aussi ; il faut la soutenir, il faut s’y engager, il faut poster et reposter encore, allez, on clique ! Cet être si sensible a-t-il pris la peine de se demander s’il tenait vraiment à soutenir ces combattants en selfies : islamistes, révisionnistes, antisémites et homophobes tous ensemble à bord et qui, pour l’occasion font converger leurs luttes ?

Que dire aujourd’hui à cet étudiant qui vient en cours en affichant de façon ostentatoire plusieurs drapeaux palestiniens qui sont imposés à tous sous couvert de sa liberté d’expression ? S’est-il demandé ce que ce simple drapeau pouvait charrier comme symboles et représentations pour d’autres de ses pairs ? Ne s’est-il pas dit un instant que ce drapeau brandi dès le 8 octobre dans les foules criant « From the River to the Sea » pouvait être un peu gênant d’être associé à un slogan génocidaire ? Que c’est aussi sous l’égide de ce drapeau qu’une partie du monde soutient la prise d’otages, la mise à mort et le viol de corps de femmes et d’hommes innocents eux aussi ? Que ce drapeau peut encore être brandi comme le symbole d’une opposition farouche à l’autodétermination du peuple juif ? Le sait-il au moins ? L’assume-t-il ?

Que dire encore, à tous ceux qui continuent de glisser ces « oui mais » dans chacune des conversations où il est question de la haine des juifs en France et dans le monde ? Ceux-là, qui sont les premiers à faire preuve de retenue et d’intelligence lorsqu’il s’agit de combattre la logique raciste, convoquent pourtant ce petit opérateur logique qui vient marquer une exception. Entendent-ils combien leur raisonnement stigmatise le juif derrière la critique d’Israël ? Savent-ils combien ils contribuent à isoler encore davantage certains de leurs compatriotes dans la prison de leur solitude ? Ou ne le voient-ils pas ? Est-il seulement possible de dire à tous ceux-là combien l’indécence d’une telle indignation sélective devrait leur faire honte ? Que d’autres de leurs semblables le voient, le vivent, le savent ? Comment leur dire le nombre de guerres et de massacres sévissant sur cette planète en ce moment qui ne semblent pas mériter la moindre attention ? Et que plus le ton gronde, plus la colère monte contre un seul, plus il conviendrait d’en analyser encore davantage le symptôme, ses ressorts et ses causes ?

Une guerre par juifs interposés

« Même vous ? » est-on alors tenté de crier, avec Kamel Daoud, qui « examinant le visage de l’ami » constate que « dissocier par clairvoyance judéophobie et solidarité n’est plus de mise » et qu’aujourd’hui « le massacre de 400 000 Yéménites fait à peine hausser les épaules d’un « Arabe », libérateur imaginaire de la Palestine, si on n’y ajoute pas un Juif en tueur ». Le rappel de nos silences sur les carnages de Daech ou nos oublis des 200 000 morts algériens de la guerre civile close par l’amnésie ne désarçonnent pas cette rhinocérite butée4Kamel Daoud, « Même toi ? » ou la judéophobie d’ambiance, Le Point, 27 novembre 2023. nous dit encore le poète.

Depuis, nous pourrions encore allonger cette liste morbide des horreurs, anciennes comme récentes, tels ces massacres sanglants visant à exterminer la minorité druze en Syrie. Les responsables de ces massacres ne sont ni boycottés ni pointés du doigt, eux. Car la guerre a été déclarée à la vérité par juifs interposés parce que « le Juif » a toujours eu bon dos, et qu’il n’avait qu’à pas être si tenace au fond. La guerre a été déclarée à la vérité sur fond d’un puissant déni qui protège d’avoir à se confronter à sa propre liberté, à ses propres choix qui impliquent toujours une perte.

Alors « on s’acharne à confondre judéophobie et solidarité dans une distorsion impressionnante de sa propre conscience et à nier cette évidence : le millénaire réflexe judéophobe se réactive. Il se couvre d’un drap d’indignations nobles, favorisées par les oisivetés et les échecs contemporains dans de nombreux pays » analyse Daoud5Kamel Daoud, « Même toi ? » ou la judéophobie d’ambiance, Le Point, 27 novembre 2023.. Et s’il affirmait aussitôt après le 7-Octobre que le pogrom du Hamas serait « une défaite pour la cause palestinienne »6Kamel Daoud, « Une défaite pour la cause palestinienne », Le Point, 13 octobre 2023., force nous sera de constater, deux ans plus tard, que même les plus lucides ne mesurent pas toujours la puissance de la haine et de la soumission.
Ainsi, hier comme aujourd’hui, nous continuons d’expérimenter « cette solitude du dernier homme face à la rhinocérite des siens, autour de soi », ami(e)s perdu(e)s, liens refroidis, désillusions et déceptions vécues à croiser des gens dont on estimait la formation, la lucidité, l’humanité et la culture, poursuit Daoud souffrant de ces « proches qui actuellement vous assènent la théorie du complot juif la plus grossière et des analyses sur la juiverie internationale qui font froid dans le dos. Qui vous infligent une judéophobie d’ambiance qui croit exprimer la fameuse « solidarité » avec les Palestiniens alors qu’elle ne vise qu’à les utiliser ».

« Une histoire de jalousie » ?

Kamel Daoud déplore avec une force rare cette impossibilité à garder mesure, à rester honnête et à « ne pas réveiller la haine en soi au nom de la solidarité », révélant à quel point la judéophobie, masquée par l’émotion sélective, se porte toujours aussi bien.

Celui qui a choisi d’exister par sa question demande encore : « Pourquoi mille morts « arabes » ne valent-ils rien, si le meurtrier n’est pas le Juif7Kamel Daoud, « Même toi ? » ou la judéophobie d’ambiance, Le Point, 27 novembre 2023. ? » Tentant l’analyse de ce persistant symptôme, il montre que l’on ne peut que naviguer dans ce dessein entre son caractère irrationnel, millénaire et protéiforme d’une part et la théorie psychanalytique de l’autre. Rappelant d’abord que la haine du juif ne date pas de la création de l’État d’Israël, il convoque « une histoire de jalousie » : « le Juif incarne le lien le plus ancien de l’homme avec Dieu, la conversation immémoriale et révoltée face au ciel, et on l’envie. Et les siècles apparaissent comme une « histoire d’ombrage » entre les prétendus enfants uniques et ce Dieu. Une tradition de haine de soi envers cet inconscient profond judaïsé, ce lien entravé ou entravant avec la divinité, un rapport maladif avec le sacré ou avec le « Temps » et son écoulement dans l’Histoire ». Et de conclure que « le Juif » serait notre inconscient et le récit de la part ignorée en soi, de l’altérité laborieuse, Daoud précise que finalement, « ce peuple n’aurait jamais été « maudit » que par le plus grand nombre, en ce sens que « Dieu » n’est souvent que le masque des furieuses unanimités »8Kamel Daoud, « Même toi ? » ou la judéophobie d’ambiance, Le Point, 27 novembre 2023..

« Le Juif » comme prétexte, « le Juif » comme cause première et cause ultime, voilà le symptôme que notre poète s’acharne à déchiffrer, alors qu’un autre ami « continue de justifier le massacre par la colonisation des terres palestiniennes, le Juif par le mal », alors qu’il continue de « blanchir l’islamisme par le décolonialisme et l’univers par la Palestine où il n’a jamais mis les pieds »9Kamel Daoud, « Même toi ? » ou la judéophobie d’ambiance, Le Point, 27 novembre 2023..
Daoud nous livre ainsi « la plus affreuse des réalités » qui fait du Palestinien « le contrepoids hystérique à nos indifférences maquillées en scintillantes identités » et du Juif « le prétexte qui dédouane nos détestations ».
Mais combien sont-ils ces derniers hommes ? Combien seront-ils donc à se lever avant que la rhinocérite aigue qui se propage ne finisse par contaminer le monde, faute de remède, et le rendre totalement irrespirable ? Car que dire enfin à ce petit garçon qui, rentrant le soir de l’école, dit à sa mère qu’il ne veut plus être juif ?

Au dernier homme, je rends hommage, ce 7 octobre 2025, pour la justesse de son verbe et la grâce de sa poésie.

Étiquettes : 7-Octobretotalitarisme
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