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    Une arche de chasteté photographiée en 1909 par le géologue américain 
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Islamophobie, christophobie : repenser les sensibilités « occidentales »

L’anthropologue américaine Saba Mahmood (1961-2018) a grandement contribué à la pensée «postcoloniale», avec une certaine influence en France, non sans susciter de vives critiques chez des philosophes et sociologues attachés au libéralisme politique. Dans le contexte de débats renouvelés autour de Charlie Hebdo, il vaut la peine de se pencher sur son œuvre relative aux «affaires de caricatures».

Le DDV Par Le DDV
2 juin 2022
dans Analyse
Temps de lecture : 7 min
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La Vierge noire à l'enfant de Częstochowa redécorée aux couleurs LGBT. (Wikimedia commons)

La Vierge noire à l'enfant de Częstochowa redécorée aux couleurs LGBT. (Wikimedia commons)

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Sébastien Urbanski, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Nantes
Article paru dans le DDV n° 681 (décembre 2020) dans le cadre du dossier « Idéologie décoloniale : un “antiracisme” d’exclusion »

À en croire la sociologue Nilüfer Göle, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), le dessin qui dépeint Mohamed avec une bombe sur la tête – republié par Charlie en septembre 2020 –, serait « déjà un blasphème en soi ». Les « traits de crayon [du dessinateur] révèlent son désir caché de se débarrasser de l’islam en tuant son Prophète1Nilüfer Göle (2015), Musulmans au quotidien. Paris, La Découverte, 2015, p. 137. »,explique-t-elle. Plus précisément : « À propos de l’affaire des caricatures danoises, l’anthropologue américaine Saba Mahmood a parlé de “blessure morale”. La sensibilité des musulmans a été offensée, non pas parce que la « loi » religieuse a été transgressée, mais parce que le rapport à soi vécu dans un rapport de dépendance intime avec le Prophète a été malmené2Nilüfer Göle (2015), Musulmans au quotidien. Paris, La Découverte, 2015, p. 142.. »

La section contenant ce passage est significativement intitulée : « La production d’une image essentialisée et déshumanisée du musulman ». Charlie serait-il donc coupable ? Si la position de Mahmood est plus nuancée, il lui arrive de poser une quasi-équivalence entre critique de la religion, « islamophobie », haine des musulmans et racisme. L’intention est louable : il s’agit de protéger les personnes attaquées en raison de leur religion. Mais l’analyse permet-elle de démêler les différents enjeux ? « Je crains que les musulmans ne soient aujourd’hui racialisés selon un processus similaire à la manière dont les juifs ont été racialisés sur des bases également, au départ, religieuses. Nous sommes obligés de regarder ce qui arrive avec les musulmans aujourd’hui au regard de cette histoire, même si les circonstances sont bien sûr différentes. On ne peut pas comparer terme à terme, mais on retrouve des configurations familières. On utilise l’islamophobie en disant que c’est une « simple » critique de la religion pour faire croire que la haine des musulmans ne serait pas du racisme. Et on caricature les musulmans en les essentialisant.3Entretien avec Joseph Confavreux, Mediapart, 25 décembre 2015. »

Aporie

Efforçons-nous de centrer l’analyse sur une thèse particulière de Mahmood, suivant laquelle la législation européenne sur la liberté d’expression devrait être repensée – ou du moins interprétée différemment – afin de mieux prendre en compte une « foi de cohabitation » avec le Prophète (évoquée plus haut par Göle). L’incohérence de cette approche peut être montrée en évoquant une récente affaire de « blasphème » en Pologne : l’affiche d’une Vierge auréolée aux couleurs LGBT.

La représentation satirique de personnages religieux existe bel et bien en islam.

Comme Mohamed dans Charlie Hebdo, on peut comprendre que ce détournement puisse choquer certaines sensibilités religieuses. Certes, l’objet est moins violent qu’une bombe et le culte des images polonais n’a pas d’équivalent musulman. Mais, d’un autre côté, la représentation satirique de personnages religieux existe bel et bien en islam4Dominique Avon (dir.) La caricature au risque des autorités politiques et religieuses, Rennes, PUR, 2010. et certains fidèles seraient fortement offensés si le Prophète portait cet arc-en-ciel. Peut-être même que des intellectuels souligneraient que le courant LGBT est un trait occidental, et donc colonial.

Pour des personnalités progressistes comme Saba Mahmood, le sociologue Éric Fassin ou Nilüfer Göle, il faut à la fois défendre les droits LGBT et prendre garde de ne pas adopter un point de vue trop occidental qui blesserait certaines sensibilités religieuses. L’approche est généreuse, mais elle conduit à une difficulté car les arguments postcoloniaux de Mahmood sont très similaires à ceux des ultra-conservateurs polonais actuellement au pouvoir, qui s’appuient sur un cadre pénal rigoureux (deux ans de prison ferme pour « insulte aux sentiments religieux »), luttent contre la « christophobie », et invitent les sensibilités « occidentales » trop libérales à mieux prendre en compte la « foi de cohabitation » avec Marie.

Par conséquent, l’édifice postcolonial de Mahmood s’avère fragile dès que l’on ne se focalise plus uniquement sur l’islam. Le problème est le suivant : si l’on accepte les arguments de Mahmood tout en considérant diverses religions, alors on risque de devoir avaler les arguments de l’extrême droite polonaise, d’autant plus que la Pologne a aussi été un pays dominé par des empires peu respectueux des traditions religieuses locales. Pour faire apparaître ce point, mobilisons la boîte à outils mahmoodienne – et un soupçon d’ironie – pour interpréter une affaire récente.

L’affaire de Płock

En avril 2019, des pancartes sont installées par le curé d’une église de Płock (autour du symbolique tombeau du Christ) sur lesquelles sont inscrits les « péchés » que tout fidèle est censé combattre : trahison, LGBT, gender, mépris, égoïsme, homo-perversions, mensonge, jalousie, rejet de la croyance, agression, vol, mensonge… Le tout est surmonté d’un crucifix et d’une inscription : Protège-nous des flammes de la non-croyance. En réaction, une militante anticléricale décide de coller des affiches d’une Vierge et de son enfant auréolés de couleurs LGBT dans la ville de Płock.

Pour le Tygodnik Powszechny, hebdomadaire catholique libéral, la profanation ne résidait aucunement dans l’image de la Vierge arc-en-ciel (comme elle est appelée désormais) mais dans le fait initial de décorer le « tombeau du Christ » avec des appels à la haine. Toutefois, le ministre de l’Intérieur en décida autrement, en perquisitionnant la militante (et non le curé !) à son domicile à six heures du matin, en lui confisquant tous ses ordinateurs, téléphones et ses disques mobiles, puis en la plaçant en garde à vue à 100 kilomètres de son lieu de résidence au titre de la loi punissant l’« insulte aux sentiments religieux » qui lui fit risquer deux ans de prison ferme. Le ministre Brudziński déclara : « Je remercie la police polonaise pour son action efficace dans l’identification et l’arrestation d’une personne suspectée de profanation de l’image de la Mère de Dieu qui est pour les Polonais sacrée depuis des siècles. Pas de radotages sur la liberté et la “tolérance” : PERSONNE n’a le droit d’insulter les sentiments religieux des croyants. » (6 mai 2019). Une semaine avant, le porte-parole de l’épiscopat avait déclaré : « La profanation de l’image a suscité une immense douleur. Nous appelons à respecter les sentiments religieux des croyants. »

Mimétismes

Ouvrons à présent la boîte à outils mahmoodienne. La sensibilité des catholiques a été blessée parce que le rapport à soi, vécu dans un rapport de dépendance intime avec la Vierge, a été malmené. Car en Pologne, la Vierge suscite une foi mimétique, comme l’a montré l’anthropologue Anna Niedźwiedź5« Mère et reine : la Vierge de Częstochowa », Ethnologie française, p. 40., qui n’en tire pourtant aucune conclusion quant à la liberté d’expression. En revanche, le professeur Robert Skrzypczak (Faculté papale de Varsovie) explique pourquoi il faut respecter les sensibilités polonaises blessés : « C’est comme profaner le portrait de la personne la plus chère, au cœur de la personne, sa mère, son père, son enfant, son époux. » Le professeur Grzegorz Kucharczyk, historien spécialiste en « christophobie » à l’université de Poznań, abonde : « Est-ce que tous ceux qui “ne se sont pas sentis insultés” par la profanation de l’image de la Mère Divine de Jasna Góra auraient réagi de la même façon si des images de leur propre mère faisaient l’objet (au nom de la “liberté artistique”) d’un traitement graphique par ordinateur, de la même façon que cela a été fait dernièrement avec l’icône de la Vierge ? »6Barbarzyńcy patrzą na Wizerunek Matki [Les barbares regardent l’image de la Mère]. PoloniaChristiana-24, 8 mai.

Les Occidentaux se doivent de mieux comprendre ces sensibilités particulières : ce sont les mêmes que celles évoquées par Göle pour illustrer la foi mimétique musulmane selon laquelle « insulter la mère de quelqu’un ou insulter le Prophète, c’est la même chose7Nilüfer Göle (2015), Musulmans au quotidien. Paris, La Découverte, 2015. p. 142. ». Les orientations de l’extrême droite est-européenne ne sauraient être bafouées au nom d’un libéralisme occidental décidément bien arrogant. Faisons preuve de « traduction culturelle » comme dirait Mahmood : comprenons ceux qui subissent l’hégémonie libérale occidentale, et surtout gardons-nous d’être christophobes. Le présent article aurait peut-être pu s’intituler : « La production d’une image essentialisée et déshumanisée du catholique polonais ». 

LIRE AUSSI > Nivedita Majumdar : « L’universalisme radical offre le cadre le plus pertinent pour combattre l’injustice »

Étiquettes : BlasphèmeExtrême droiteIslamPolognePostcolonialismeReligions
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